La vénerie, ou « chasse à courre » (anciennement « chasse à courre, à cor et à cri »), est un mode de chasse ancestral qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement cerf, sanglier, renard ou lièvre) avec une meute de chiens, jusqu’à sa prise éventuelle.
En France, au XVIIe l’un des exercices les plus prisés par la noblesse était la chasse à courre. C’était la plus noble, la plus dispendieuse, la plus inaccessible aux pauvres. Elle offrait quelques petits dangers, des occasions de chutes et de blessures.
Louis XIV fut un passionné et chassa jusqu’à la fin de sa vie.
Les chiens de meute
Composée de 20 à 100 chiens; les soins apportés aux chiens vont bien au-delà de la nourriture ; il s’agit de vivre quotidiennement au milieu d’eux et de créer une réelle intimité et complicité entre le veneur et ses chiens. La reproduction représente un élément fondamental et c’est l’occasion pour le passionné de réfléchir au meilleur croisement, de rêver au chien idéal.
Les qualités recherchées sont la finesse de nez, l’intelligence de la chasse, l’ossature, la vitesse, la résistance et la gorge (aboiement).
Il faut noter qu’à la chasse à courre, les chiens crient et n’aboient pas. On n’utilise le verbe aboyer que lors de l’hallali sur pied, lorsque l’animal tient tête à la meute.
Les principales races de chiens courants sont :
– Le poitevin
– Le français blanc et noir
– Le français tricolore
– L’anglo-français
– L’anglo-français tricolore
– Le billy
– Le fox-hound
Un équipage de chasse à courre est constitué d’hommes à cheval accompagnés de chiens courants (appelés chiens d’ordre) et d’hommes à terre tenant en laisse les chiens de recherche (appelés limiers).
Le cheval de chasse
Le cheval de chasse est un athlète, au même titre que celui de concours ou celui de course. Son travail est dur et nécessite des soins attentifs :
A l’entraînement, le cheval doit sortir tous les jours, au moins 5 à 6 km. Il n’est pas nécessaire que cet exercice soit soutenu, une promenade au pas ou quelques heures au paddock suffisent.
Pendant la chasse, il faut savoir régler l’allure du cheval, savoir l’équilibrer et éviter de le mettre hors de souffle. Il ne faut jamais être « à fond », au contraire, en le retenant suffisamment il trouvera de lui-même son rythme et sa cadence. Le bon cavalier trouvera une occasion pour faire uriner son cheval au milieu de la journée ; il retrouvera ainsi de la vigueur.
Le soir de chasse, le cheval doit être douché à l’eau chaude et séché aussitôt. On lui mettra une couverture pour qu’il ait chaud toute la nuit. C’est aussi l’occasion d’observer minutieusement son cheval et soigner la moindre de ses petites atteintes.
Veneurs oui, mais cavaliers aussi!
Le déroulement d’une chasse à courre est avant tout un programme complet marqué par une fanfare différente signalant chaque phase.
Ainsi, le matin, c’est la fanfare du « réveil » qui accompagne le début de la recherche par les limiers tenus en laisse par un valet de chien qui repère un animal, tache de l’isoler, de le jauger sans le faire fuir.
Le valet revient alors faire son rapport au point de rendez-vous des chasseurs.
Le corps signale alors le « départ » et les veneurs, à cheval, partent en chasse accompagnés des chiens courants.
Les hommes et les chiens se guident mutuellement, les premiers utilisant leur connaissance du terrain, les autres leur flair.
L’animal traqué est contraint de s’enfuir. On dit que le gibier est lancé. Il rusera, parfois involontairement, pour échapper à ses poursuivants. Chacune de ses ruses fait l’objet d’une sonnerie de corps différente signalant à tous la configuration de chasse.
Les ruses
– Le change consiste pour l’animal à traverser une région où vivent d’autres animaux de la même espèce. Ce qui sème la confusion dans la meute. D’où l’importance d’avoir des chiens de qualité. Le change est très rarement sonné en chasse pour ne pas attirer l’attention de l’animal ni perturber le travail des chiens.
– Traverser un ruisseau, une rivière ou un étang est annoncé par le « Bat-l’eau » . L’animal traverse ou suit le lit d’un ruisseau. La voie alors se perd dans l’eau, les chiens essaient alors de repérer l’endroit où l’animal a repris pied.
– Forlonger, c’est-à-dire prendre une telle avance sur ses poursuivants que son sentiment (son odeur), disparaît. La voie est presque perdue et c’est alors une question de temps. Si la journée n’est pas trop avancée, si les chiens ont bon nez, si le temps est beau, si, si… la fin de journée met souvent un terme à la chasse. La seule chose qui puisse arriver c’est que l’animal ne se sentant plus poursuivi se mette à ralentir.
– Les doubles voies sont une ruse qui est destinée à ralentir l’action des chiens. L’animal chassé revient sur ses pas et prend une autre direction après quelques centaines de mètres. Les chiens alors, balancent, essayent de trouver la sortie. Pendant ce temps l’animal prend de l’avance.
L’Hallali
La poursuite peut ainsi durer plusieurs heures jusqu’à ce que la cible soit contrainte de faire face ou de capituler, acculée par les chiens et la fatigue.
Dans cette situation, les veneurs sonnent alors « L’Hallali sur pied » . L’animal coincé est alors tué par les chiens ou par l’homme intervenant au couteau. Les veneurs sonnent alors « L’Hallali par terre » .
La curée
On retire alors les meilleurs morceaux que l’on distribue généralement aux amis ou aux voisins sur les terres desquelles nous sommes passés. Les bas morceaux sont rassemblés sur la peau de l’animal, la nappe, que l’on donne aux chiens.
On sonne « La curée » .
L’équipage finira par sonner sa fanfare personnelle, la « Saint-Hubert » , « L’Adieu des Maîtres » , « L’Adieu des Piqueux » , « Le Bonsoir » ou « Le Bonsoir Breton » …
Aucune arme à feu n’est donc utilisée dans la chasse à courre, et seule une chasse sur trois ou quatre ramène un animal (ce dernier réussit souvent à s’échapper en changeant de forêt ou en quittant le périmètre délimité de la chasse).