Leurs origines remonteraient à plus de huit siècles lorsque des communautés ont commencé à se détacher du groupe pour vivre en nomades. Les paysans chassés de leurs terres par les troupes de Cromwell au 17ème siècle puis les survivants de la Grande Famine de 1845 auraient ensuite rejoint ces groupes de populations itinérantes.
Les Travellers ont, au cours des siècles, développé une culture avec ses rites, ses activités et sa langue propres. Ils ne parlent pas anglais entre eux. Ni gaélique. Ils parlent le sherta (ou gammon ou cant), une langue qui n’est évidemment pas reconnue par le gouvernement irlandais. Pas même comme dialecte.
Dans les années 1960, les autorités irlandaises leur ont imposé la sédentarisation dans des quartiers devenus vite des ghettos. Les Travellers souffrent des mêmes clichés que ceux dont souffrent les Gitans d’Europe : voleurs, paresseux, violents. Leur intégration à la société irlandaise reste très difficile. Le désespoir a remplacé la fierté des origines.
Les Travellers sont un peuple cavalier. Le cheval, qu’il soit de selle ou d’attelage pour tirer les roulottes, est très important. Ainsi le mot « Tinker » a donné son nom au tinker, un animal semi-lourd, souvent de robe pie, appelé aussi Gypsy Vanner, largement utilisé par ces nomades. Les chevaux tinkers constituent un point de friction entre les Travellers et les autorités : les chevaux sont en général laissés libres, en troupeau, et errent près des routes, causant de nombreux accidents.
Le racisme anti-Traveller existe en Irlande. Il se fait souvent sentir de manière forte. L’exclusion en est la principale manifestation. Les Travellers se voient facilement interdire l’accès aux pubs, aux restaurants et à certains magasins .Des écoles leur sont réservées mais l’enseignement qu’on y pratique ne correspond ni à leur langue, ni à leur culture. Les Travellers ont toujours été perçus comme les “colonisés des colonisés” en Irlande. Que ce soit par les Britanniques ou par les Irlandais eux-mêmes.
Merci pour ce reportage très intéressant. Je trouve ce peuple nomade et irlandais fascinant. Un livre vient de sortir au sujet des Travellers, je vous le recommande : Voyage au pays des Travellers. C’est un récit de voyage ethnographique sur toute l’Irlande, très vivant et qui recoupe beaucoup des informations que vous donnez dans votre billet.
La présence des chevaux y est importante, comme cette scène du “marché aux chevaux” de Dublin. L’auteur y parle des Irish Vanner, des Tinkers, etc.
Voyage au pays des Travellers : (Irlande, début du XXIe siècle)