J’aime beaucoup mieux les mots anglais qui parlent de « natural horsemanship », mais le but est le même. Cette approche est devenue tellement populaire que les « éthologues équins » commencent à pousser comme des champignons (et avec des mauvaises herbes)
Être ensemble avec son cheval, pour apprendre à progresser mutuellement, sans utiliser la force, ni les aides artificielles, c’est le but de cette approche différente. Pour y arriver, c’est simple, il faut:
confiance, respect, compréhension, leadership (pas toujours facile d’être le boss), langage, patience et savoir-faire, relation, temps et expérience
Voici les ingrédients qui vont permettre d’instaurer une communication volontaire, basée sur l’amour entre cheval et humain.
Pour mieux comprendre ou simplement s’en souvenir, voici quelques explications:
Confiance
Quelle dose de confiance avez-vous en vos capacités et en celles de votre cheval ? Pouvez-vous avoir suffisamment confiance en vous pour développer la confiance de votre cheval ? La confiance de votre cheval peut être difficile à gagner, mais facile à perdre. Gagner la confiance se fait en premier lieu en lui montrant parmi vos actions et votre approche, que vous n’êtes pas un prédateur. Pour cela, il faut apprendre à penser et agir comme un cheval.
Respect
Si vous observez un troupeau de chevaux, vous verrez qu’ils sont constamment occupés à établir ou rétablir leur position dans le groupe. C’est aussi notre devoir de gagner continuellement leur respect en sachant bien quand il faut réagir fermement ou doucement ou de façon neutre pour conserver la paix du couple. Il faut absolument garder l’intégrité de votre cheval en utilisant des réponses justes, sur un niveau rationnel, au lieu de déraper vers la punition ou la critique.
Très souvent, le mot respect est remplacé par « intimidation ». Mais il faut savoir que l’intimidation marche seulement entre prédateurs car c’est ainsi qu’ils communiquent entre eux. L’intimidation ne peut pas marcher avec des animaux de proie, car ils n’en comprennent pas la signification : pour eux, l’intimidation est égale à l’agression. Une agression produit la peur et la peur engendre des réactions sans rapport avec le respect. Au lieu d’utiliser la peur et l’intimidation, c’est à nous de comprendre la psychologie et le comportement du cheval par l’observation du troupeau.
Le cheval en haut de la hiérarchie est le cheval le plus calme, mais aussi le plus intelligent du troupeau. Alors c’est à nous de montrer que nous sommes encore plus cool, plus intelligent et que nous sommes le véritable sommet du troupeau, tout en restant respectueux.
Compréhension
Pouvez vous rester calme si votre cheval a un problème de comportement? Comprenez-vous qu’il a peur, déchiffrez-vous son état émotionnel et pouvez-vous le guider sans être impliqué émotionnellement vous-même?
Il faut apprendre à se mettre à sa place. Imaginez simplement que c’est vous qui possédez depuis des siècles un instinct de fuite, un instinct qui vous dit, «si tu vois quelque chose approcher tout droit et qui te vise dans les yeux alors cours le plus vite possible car c’est la mort»
Toujours penser cheval : quand vous êtes étendu dans l’herbe en train de manger, vous constatez que quelque chose marche droit vers vous, les yeux fixés sur vous, qu’il vous regarde intensément tout en arrivant lentement jusqu’au moment où il se jette sur vous, lançant deux tentacules autour de votre cou. Par malheur, plus vous essayez de vous libérer, plus les tentacules vous empêchent de fuir. C’est ce que beaucoup de gens n’ont pas compris : si le cheval veut s’échapper, ils l’empêchent de suivre son instinct naturel . Il faut absolument se rendre compte que, dans chaque cheval, l’instinct sauvage est toujours présent : il est peut être endormi, mais il est toujours là.
La compréhension nous guide vers la compassion. Sans savoir, nous ne pouvons pas comprendre et sans compréhension nous ne pouvons pas analyser et gérer une action ou une réaction de notre cheval.
Leadership
Gérer les situations difficiles avec votre cheval ne vous pose aucun problème? Pouvez-vous le rassurer quand il faut, lui donner un sentiment de sécurité? Restez-vous concentré même si votre cheval ne l’est pas ? Restez-vous cool même si votre cheval devient nerveux? Pouvez-vous poursuivre votre plan ou stratégie tout en faisant confiance à votre cheval et en sa capacité de réponse, tout en pensant qu’il vous faudra peut être le recadrer ?
Etre un leadership signifie que vous êtes capable de diriger votre cheval, de prendre en compte sa confiance, de voir les changements, de repérer le moment où le cheval est prêt à affronter de nouvelles choses…
Bref, leadership signifie : « l’important est le chemin, pas le but ».
Langage
Il existe plusieurs milliers de langages dans notre monde et chaque langue possède une façon unique de communiquer. Pour définir une langue, il faut des symboles formalisés, des signes, des sons ou des gestes qui sont utilisés et reconnus. Sans langage, il n’y a pas de communication possible.
Le langage le plus répandu est probablement le langage du corps. L’expression corporelle permet de montrer des sentiments, de faire comprendre des actions grâce aux gestes et aux positions. Il est utilisé aussi bien par les humains que par les animaux.
Une partie très importante du «horsemanship» est de comprendre le langage du cheval, qui est principalement un langage du corps.
En observant le comportement des chevaux dans un troupeau et leurs réactions à différents changements de leur environnement, nous pouvons apprendre le langage équin pour communiquer. L’expérience qui résulte de l’observation nous donne la possibilité de découvrir des liens entre certaines positions et gestes du cheval et leur signification.
A ce moment là, quand le langage est compris par le cheval et par l’humain, nous pouvons commencer à bâtir notre communication avec les chevaux, en s’assurant toujours que les fondations de notre compréhension mutuelle sont solides.
Patience
Une journée de «travail éthologique» demande beaucoup de patience du coté cheval mais aussi du coté humain. Il est trop facile de s’impatienter et d’accuser ensuite le cheval. L’homme de cheval doit apprendre à aller à la même vitesse que son cheval et éviter de brûler des étapes. Sur le hit-parade des malentendus, c’est probablement la déception de l’homme sur le travail avec son cheval qui occupe la première place. Cette déception est souvent due au fait que l’attente ou la difficulté d’un exercice sont fixées beaucoup trop haut, pour l’humain et pour le cheval. L’homme devient alors tellement obsédé par le but, irréaliste, que le travail ne respecte plus l’individualité ni la dignité du cheval. C’est la meilleure façon de sauter des étapes et de perdre le respect et la confiance de sa monture.
Il est important de travailler sur nos prestations pour devenir encore plus compréhensible pour notre cheval, pour développer et agrandir les bases de notre relation et de notre communication. Le reste suivra naturellement.
Relation
La clef de l’harmonie avec le cheval est une relation basée sur l’amour, la compréhension et le savoir, parce que sans bonne relation il n’y a pas de réussite. Il faut motiver le désir de notre cheval d’être avec nous. Sans ce désir précieux, la relation devient « robotique » et le cheval perd son enthousiasme à faire des choses avec ET pour vous.
C’est aussi l’harmonie entre vous deux qui va signaler à votre cheval qu’il est super, que vous êtes très content avec ce qu’il fait, et que tout ses efforts sont appréciés.
Rien de mieux que un cheval qui se donne à vous à cœur joie, un vrai copain.