Les effets de rênes

En équitation classique on parle souvent des 5 effets de rênes, mais de quoi s’agit-il exactement ? Il s’agit en fait de 5 actions différentes possibles sur les rênes qui vont amener 5 réponses différentes.

Il faut aussi avoir en tête quelques définitions :

– une rêne est dite “directe” si elle induit un déplacement du coté ou elle se trouve (rêne droite pour aller à droite) et “contraire” lorsqu’elle permet de se déplacer de l’autre coté (rêne droite pour aller à gauche)

– une rêne est dite d’opposition si elle s’oppose au mouvement en avant

– la main ne doit JAMAIS dépasser l’axe du cheval (la main droite reste à droite du cheval), cependant elle peut plus ou moins s’écarter de la ligne médiane

– la main peut se trouver en avant du garrot ou en arrière de celui-ci pour mobiliser des parties différentes du cheval

Ces effets de rênes ne sont pas les seuls existants ou possibles. En effet, on pourrait y rajouter la rêne régulatrice, qui a beaucoup d’utilité et la rêne d’encolure lorsque l’on est rênes longues (et elle ne rentre donc pas dans l’équitation classique, qui prône une monte avec un contact franc et constant avec la bouche du cheval).

La main opposée (la rêne régulatrice) aura un effet différent et une utilisation différente en fonction de l’effet recherché. C’est pourquoi on ne peut pas mettre la rêne régulatrice comme effet de rêne, il s’agit plutôt d’un prolongement des autres effets.

Enfin aucun effet ne peut être obtenu sans l’utilisation des autres aides (jambes, assiette) pour préciser, corriger ou accentuer un mouvement.

Voici les 5 effets de rênes et leur effet schématique :

– la rêne directe permet de faire des courbes, les postérieurs restant dans la trace des antérieurs

– la rêne directe d’opposition permet de déplacer les hanches

– la rêne contraire (ou d’appui) permet de déplacer les épaules

– la rêne contraire d’opposition en avant du garrot permet de déplacer les épaules dans un sens et les hanches de l’autre (le cheval tourne “sur place”)

– la rêne contraire d’opposition en arrière du garrot permet de déplacer épaules et hanches du même coté (mouvement latéral)

I. La rêne directe (ou rêne d’ouverture)

Comme son nom l’indique, il s’agit d’aller à droite avec la rêne droite et inversement. C’est le premier effet de rêne enseigné (et le seul jusqu’au galop 4/5).

Pour cela la main doit s’écarter de l’encolure, sans tirer (c’est-à-dire qu’elle doit faire un arc de cercle autour de la bouche, ce qui revient en pratique à avancer la main pendant la demande). Les ongles viennent sur le dessus (le poignet se tourne) et l’avant-bras tourne, le bras restant vers le corps.

Le bout du nez est donc entraîné du coté de la rêne puis suivi par le reste du corps du cheval.

L’idéal est de garder le cheval incurvé dans cette manœuvre (c’est-à-dire que ses postérieurs doivent arriver dans les traces des antérieurs, comme les wagons d’un train sur une voie ferrée).

Les autres aides utilisées traditionnellement avec sont :

– main extérieure : au “repos”, légèrement avancée pour permettre à l’encolure de se plier sans tirer. En cas de besoin, c’est une rêne régulatrice : elle va contrôler le mouvement vers l’avant (en se mettant en opposition si le mouvement est trop important) et empêcher au cheval de trop couper son cercle (en s’éloignant de l’encolure légèrement)

– jambes : à la sangle, maintiennent le mouvement en avant qui se dégrade dans les courbes. Si le cheval se couche sur le cercle ou ne s’incurve pas, la jambe intérieure agira plus, légèrement en avant de la sangle. Si le cheval a les hanches qui dérapent, c’est la jambe extérieure qui les contrôlera en se décalant vers l’arrière.

– poids du corps : légèrement plus vers l’intérieur, mais vers l’extérieur si le cheval a trop tendance à se coucher sur le cercle.

II. La rêne directe d’opposition

Cette rêne va permettre d’amener le cheval à tourner du coté de la rêne utiliser (rêne droite pour aller à droite), mais le mouvement en avant étant empêché (c’est une rêne d’opposition), ce sont principalement les hanches qui vont bouger.

 

Ainsi une rêne directe d’opposition droite va amener le bout du nez à droite, les épaules restant sur la même ligne et les hanches allant vers la gauche. Elle permet donc les premiers mouvements latéraux (par exemple chasser les hanches sur le cercle).

Rêne directe d’opposition La main s’écarte et s’oppose au mouvement (en rouge). Le cheval déplace ses hanches (en vert).

 

 

La main va devoir à la fois s’écarter de l’encolure légèrement (rêne directe) mais aussi reculer légèrement. On a vu que la rêne d’ouverture impliquait l’avancée de la main, ici la main reste sur place, voir recule de quelques cms.

Les autres aides :

– la main extérieure va devoir céder vers l’avant pour permettre le pli. Elle va aussi servir de rêne régulatrice.

– les jambes restent à la sangle pour maintenir le mouvement, avec une prédominance de la jambe intérieure, qui peut par exemple pousser les hanches en se décalant vers l’arrière

– le poids du corps est légèrement vers l’intérieur

III. La rêne contraire (ou rêne d’appui)

Cette rêne n’empêche pas le mouvement vers l’avant mais va amener le cheval à se déplacer du coté opposé à la rêne utilisée. Ainsi la main droite va amener le cheval à aller à gauche. De part son fonctionnement, elle va surtout entraîner les épaules.

Il faut donc tourner le poignet (pour avoir les ongles en haut) comme une rêne d’ouverture, mais rapprocher sa main de l’encolure au lieu de l’écarter. Attention, il ne faut pas dépasser l’axe central du cheval. Comme pour les rênes directes, il faut avancer la main pendant la demande. Il est fortement recommandé de déplacer aussi la main vers le haut.

Le cheval va alors tourner plus ou moins court du coté opposé à la demande.

Rêne contraire La main se rapproche de l’encolure (en rouge). Le cheval déplace ses épaules (en vert).

 

 

Les autres aides :

– l’autre main : cède pour permettre le pli, peut agir en rêne régulatrice si besoin

– jambes : maintiennent l’impulsion à la sangle. La jambe du coté de la main active peut reculer si les hanches dérapent, et elle doit être plus présente que la jambe du coté opposé (le mouvement étant plus grand de ce coté)

– poids du corps : du coté du déplacement (donc du coté opposé à la main active)

IV. La rêne contraire d’opposition en avant du garrot

Comme une rêne contraire, elle va amener le cheval à aller du coté opposé à la main qui demande. De plus, comme rêne d’opposition, elle gêne le mouvement vers l’avant. Enfin, sa position en avant du garrot va surtout la faire agir sur les épaules, ce qui va inciter les hanches à aller du coté opposé aux épaules.

En clair : la main droite déplace les épaules à gauche et les hanches à droite, le cheval pouvant alors “tourner sur place” autour de son cavalier.

Rêne contraire d’opposition en avant du garrot La main (en rouge) se rapproche de l’encolure et résiste au mouvement en avant. Le cheval va “tourner sur place” (en vert)

 

 

Pour l’utiliser, le poignet se tourne (ongles vers le haut), la main se rapproche de l’encolure et va résister, tout en restant en avant du garrot.

Les autres aides :

– l’autre main : cède pour permettre le pli, peut agir en rêne régulatrice

– les jambes : actives à la sangle. La jambe opposée à la main peut agir en reculant légèrement (jambe isolée) pour inciter les hanches à se décaler

– poids du corps : du coté du mouvement

V. La rêne contraire d’opposition en arrière du garrot

Ce coup-ci, la rêne va induire un déplacement de tout le cheval du coté opposé à la main utilisée, le cheval croisant antérieurs et postérieurs (déplacement latéral). En effet la main est contraire, elle incite donc le cheval à se déplacer du coté opposé (main droite pour aller à gauche), et sa position “centrale” (en arrière du garrot) va ce coup-ci pousser à la fois les hanches et les épaules.

En clair la main droite permet de se déplacer latéralement vers la gauche.

Rêne contraire d’opposition en arrière du garrot La main recule pour être derrière le garrot (en rouge). Le cheval se déplace latéralement du coté opposé (en vert).

 

 

La main va donc tourner autour du poignet (ongles vers le haut), se rapprocher de l’encolure, et résister en se plaçant en arrière du garrot, ce qui va augmenter le pli par rapport à la rêne IV.

Les autres aides :

– la main extérieure cède ou régule

– les jambes : actives à la sangle pour maintenir l’impulsion. La jambe du coté de la main peut agir en jambe isolée (jambe reculée) pour pousser d’avantage les hanches

– poids du corps : du coté du mouvement (à gauche si main droite et inversement).

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