De plus en plus de gènes sont découverts pour déterminer les robes des chevaux, et en conséquence, tout se complique de plus en plus. Le cas le plus frappant est celui de la robe baie brune, au point qu’il devient quasi impossible de prédire les descendants de cette robe.
Tout d’abord, petit rappel, il n’existe que deux pigments chez le cheval :
– la Phaéomélanine, pigment marron que tous les chevaux possèdent
– l’Eumélanine, pigment noir que seuls certains chevaux possèdent
Il existe officiellement trois robes de base : alezan, bai et noir. Les alezans sont des chevaux qui ne produisent pas de pigment noir. Cette production étant contrôlée par le gène Extension (noté E si pigment noir, e si absence), on en déduit qu’un alezan est ee (aucun pigment noir).
Les bais et les noirs produisent du pigment noir, ils sont donc E? (le gène étant dominant, ils peuvent être EE ou Ee, ce qu’on note par E?). La différence entre ces robes, c’est la disposition relative des poils marrons et noir. Cette distribution est régie par le gène Agouti. La version A indique qu’il y a des poils marrons sur le corps, la version a qu’il y a des poils noirs (les extrémités, crins et membres, restent noirs). Un bai est donc E?AA (marron uniquement sur le corps), un noir E?aa (noir uniquement sur le corps).
Le cheval bai brun est donc entre le bai et le noir : il a des pigments noirs sur le corps, mais aussi des pigments marrons. Génétiquement, il est E?Aa (présence des deux versions du gène Agouti).
Un “vrai” bai brun, on reconnaît le masque autour des yeux et le bout du nez plus clair.
Mais est-ce vrai pour tous les bais bruns ? Et non, loin de là d’ailleurs d’après les études récentes…. Qu’est ce qui peut donc modifier une autre robe pour qu’elle semble bai brune ?
1) Noir “roussi”
On le distingue d’un bai brun car il a le bout du nez noir. Les marques de soleil sont identifiables : bouts des crins, dos et légèrement les flancs (avec des pommelures souvent), plus les zones de transpiration (passage de sangle, selle, encolure) si le cheval travaille.
C’est le cas le plus classique mais aussi le plus simple à déterminer : les chevaux noirs ont fortement tendance à roussir au soleil, et si le cheval vit tout le temps dehors, il peut paraître bai brun à la fin de l’été. Cependant, à chaque mue, il redevient noir, et son bout du nez est de la même couleur que le corps (alors que les bai bruns ont le bout du nez plus clair, ainsi que le tour de l’œil).
2) Noir pangaré
On voit clairement que le dessous du ventre est plus clair que le reste de la robe. Elle possède donc le gène pangaré en plus de sa robe noire.
Là, ça se complique déjà. En effet, il existe un gène Pangaré (noté P) qui éclaircit le bout du nez (parfois), le ventre et le haut des membres. Un cheval noir possédant ce gène va donc ressembler à un cheval bai brun, vu qu’il aura des zones marrons aux mêmes endroits qu’un “vrai” bai brun. Le gène pangaré laisse souvent des pommelures sous le ventre ou sur les flancs.
3) Noir “réglisse”
Seul un test génétique (ou la connaissance de sa “famille”) peut le différencier d’un bai ou d’un bai brun
Un cheval noir possédant un gène crème est dit réglisse. Bien souvent cette dilution ne se voit pas (le cheval reste noir) mais parfois il va s’éclaircir et ressembler à un bai brun. Seule une étude de l’ascendance et/ou de la descendance (ou un test génétique) peut mettre en évidence ce gène (par exemple si le cheval produit un produit palomino avec un alezan). En anglais, on parle de “smoky black”
4) Noir non noir
Cheval islandais paraissant alezan brulé. Or il n’a pas les marques habituelles que produit le gène Sooty, généralement responsable des brûlés. Ce cheval est donc un noir au pigment marron (E?aabb).
Ca peut paraître bizarre, mais les chevaux au génotype de noirs (c’est à dire E?aa) ne sont pas toujours noirs. En effet, il existe un gène B (pour Black) qui indique de quel couleur sera l’eumélanine. Généralement les chevaux sont BB ou Bb signifiant que le pigment noir est effectivement noir. Il existe cependant des chevaux bb. Ceux-ci produisent bien de l’eumélanine, mais au lieu d’être noir, elle est marron foncée. Ainsi notre cheval “noir” va devenir bai brun, bien qu’il aura la génétique d’un cheval noir (à l’exception du gène B). C’est le gène responsable de certaines robes alezans brûlées.
5) Bai “Sooty”
Cheval bai sooty, se reconnaissant à sa robe non uniforme : l’encolure et le dessus du dos sont plus foncés, et il présente des pommelures.
Le gène sooty (noté Sty et signifiant “charbonné” en français) est un gène qui fonce le corps du cheval. Les alezans deviennent alezans brûlés et les bais deviennent… bai bruns ! Le gène Sty a aussi la particularité de foncer légèrement la robe à chaque mue, ce qui fait que le cheval va naître de sa couleur de base puis foncer à chaque mue jusqu’à être alezan très brûlé ou bai brun presque noir.
Le noir est principalement visible le long de l’encolure, puis sur la ligne du dos, et descend ensuite (généralement en faisant des pommelures) vers les membres. Le ventre, le grasset et le coude sont dans les derniers touchés.
6) Alezan très brûlé
Cheval alezan brulé (alezan + gène Sooty) et non bai ou bai brun. On voit que sa robe n’est pas uniforme mais plus sombre sur la ligne du dessus que le reste du corps.
Certains alezans brûlés très foncés (à cause du gène Sty) peuvent être tellement sombres qu’ils peuvent être confondus avec des bai bruns. On peut les distinguer des bai bruns par l’absence de crins noirs dans la crinière (qui n’est donc pas plus sombre que le corps, mais de la même teinte) et par les marques typiques des sooty (corps plus foncé sur le dessus, pommelures).
En conclusion
Comme nous venons de le voir, un bai brun peut être un “vrai” bai brun, ou un noir, ou un bai, ou même un alezan !! Difficile donc dans ces conditions de prédire la robe de chevaux bais bruns sans connaître exactement les gènes en jeu par une étude des ascendants/descendants.
Quelques conseils cependant pour les différencier :
– si le bout du nez est de la même couleur que la robe, il s’agit sûrement d’un noir (pangaré, roussi, “non noir”) ou d’un alezan sooty. Si le bout du nez et de l’oeil est plus clair, il s’agit soit d’un bai (sooty) soit d’un “vrai” bai brun.
– le gène sooty commence par foncer les crins de l’encolure, l’encolure et la ligne du dessus puis s’étend vers le bas et produit généralement des pommelures.
– le soleil commence par éclaircir le dessus du cheval : bouts des crins, dos, flancs et zones de transpiration
– le gène pangaré commence par éclaircir le ventre, le passage de sangle et le grasset et remonte, en laissant souvent des pommelures
– les bai et les bais bruns ont une couleur de robe uniforme sur le corps, sinon il s’agit certainement de l’action d’un gène ou du soleil
bonjour
c’est vite passionnant ce thème ! surtout pour moi qui peints, je retrouve des notions de pigments,couleurs nuances
j’ai déjà eu un trotteur francais à représenter ,un peu plus clair que ce trotteur tchèque et en été il devient bai non pangaré pensez vous que c’est la même robe ?
par contre je vous suggèrerais de n’employer “pigment marron “ou brun ou chocolat pour les génotypes b,b comme après et pigment rouge pour la phaeomelanine (fauve à acajou,cerise foncé)si c’est marron c’est qu’elle est modifiée de quelque façon (robe sooty et assez forte
dilution silver par exemple)ou diluée (jaune à creme,ivoire).autre exemple où sa palette de base est changée.
pour l’alezan charbonné en fait ce serait aussi possible qu’on ait un bai primitif avec très peu de noir (A+)avec en plus sooty (sooty lightbay)souvent confondu avec un alezan.
pour le cheval corse je voyais plutot une sorte de mini anglo arabe et pas cette sorte de Irish cob quoique possiblement introduit,(mettez “cheval en Corse” par exemple) mais pour le reste de cet article celà a l’air O.K
Bon travail et bonne continuation.
F.S