Votre cheval charge-t-il en s’appuyant sur le mors quand vous lui demandez de s’arrêter?
Est-ce qu’il jette sa tête en l’air ou la fait tournoyer ou tire les rênes hors de vos mains quand vous lui demandez de tourner à gauche ou à droite ou de ralentir?
Avez-vous essayé des douzaines de mors différents ou d’autres objets, pensant que l’un d’entre eux forcera votre cheval à écouter vos commandes, mais rien ne semble fonctionner?
C’est là que certains laissent s’installer le désespoir et déplorent que leur cheval doit juste avoir « une bouche dure » ! L’explication est facile et simple!
Ceci peut être une surprise, mais il n’y a vraiment pas de « bouche en béton » !!
La bouche d’un cheval ne peut pas devenir « dure » à cause du mors. Pensez juste au nombre de fois où vous êtes allé au dentiste. Pouvez-vous imaginer que votre bouche devienne « dure » à cause de ce que le dentiste fait?
Si quelque chose est devenu dur ou insensible, c’est l’esprit du cheval. Disons simplement que le cheval ignore les signaux ou commandes du cavalier et ne répond pas convenablement à la commande ou aide, suite à une pression sur le mors appliquée au travers des rênes par les mains du cavalier.
Parfois le cheval apprend à ignorer les commandes du cavalier, parce que le cavalier ne récompense pas le cheval convenablement pour la réponse correcte ou parce que le cheval a été récompensé pour une réponse incorrecte.
Un mors plus grand, plus dur, plus sévère, qui induit plus de douleur sur la bouche ou la mâchoire du cheval n’est pas la réponse. Ce n’est pas la douleur ou la quantité de pression que vous appliquez qui fait que le cheval veut ralentir, s’arrêter ou tourner à droite ou à gauche. Le mors et la pression appliquée par les rênes sont juste censés permettre à notre cheval de répondre d’une certaine façon.
Cette pression devrait être la plus légère possible!!
Afin de répondre sur une commande légère, le cheval doit apprendre par des milliers de répétitions quel comportement constitue la réponse correcte à une commande donnée.
Ceci s’appelle le conditionnement. En bref, le cheval « dur de la bouche » n’a pas été conditionné correctement, pour répondre doucement, immédiatement et convenablement aux commandes et à la communication via les rênes avec son cavalier.
Alors, comment conditionnons-nous notre cheval à répondre doucement sur une indication légère des rênes? Il faut des milliers de commandes correctes « conditionnées » pour que notre cheval apprenne la réponse appropriée à n’importe quelle commande. Il faut environ 3000 répétitions pour que le cheval apprenne la réponse correcte, mais seulement environ trois répétitions pour qu’il apprenne la mauvaise réponse, et environ 300.000 répétitions pour recycler le cheval qui a appris la réponse fausse.
Pour former le cheval correctement, le cavalier doit essayer d’être toujours à son meilleur niveau. N’hésitez pas à demander de l’aide avant de faire fausse route.
Changer le comportement de notre cheval implique toujours un travail bien plus difficile : changeons notre propre comportement d’abord!!
Ainsi, dans le cas du cheval qui est insensible à la pression du mors ou qui répond peu convenablement (c.-à-d. jeter sa tête en l’air, tirer les rênes des mains du cavalier, etc…), nous devons revenir au début, et obtenir le contrôle du nez du cheval à pied. La vérité est simple, si nous ne pouvons pas contrôler le nez de notre cheval, alors nous n’avons aucune contrôle du tout.
Notre cheval DOIT apprendre à répondre volontairement, doucement et immédiatement à chaque demande.
Que faisons-nous pour gagner le contrôle du nez du cheval? Le cheval doit apprendre à répondre dès le début à pied, parce que si nous ne pouvons pas obtenir la réponse à pied, quand il est à l’arrêt tranquillement, nous ne pourrons jamais le monter, parce que la vitesse ajoute un composant émotionnel à l’apprentissage. Nous gardons le stress de la vitesse pour plus tard, mais pas pour le début.
Ainsi nous commençons à gagner le contrôle de notre cheval à pied avec point # 1, le nez.
Vous pouvez commencer ces exercices avec des poulains ou le faire avec des chevaux à la retraite, c’est toujours utile. Avec un licol en corde les chevaux sont plus attentifs et il est plus facile de « doser » les demandes. Notre cheval doit céder, voire donner la tête à chaque demande et dans chaque direction voulue : en bas, à droite, à gauche et le plus difficile, vers le poitrail. Pour notre cheval, cet exercice est le même que regarder notre nombril pour nous. La dernière direction que nous voulons c’est le haut, mais c’est aussi utile quand nous demandons à notre cheval d’arrêter de brouter par exemple.
Nous pouvons faire les exercices de contrôle tout le temps et à tout moment quand nous sommes avec notre cheval, il n’est jamais trop demandé, bride ou licol ne sont pas importants, l’important est d’obtenir le contrôle total de la tête (nez) de notre équidé.
Commencez avec une petite demande et augmentez la pression jusqu’au moment où la réponse est la bonne, c.à.d. le cheval bouge la tête comme vous voulez, et lâchez immédiatement la pression, pour qu’il comprenne qu’il a donné la bonne réponse. Il faut aller très doucement pour que le cheval ait toutes les possibilités de répondre correctement. Demandez doucement et lentement, mais lâchez vite si la réponse est la bonne.
Si le cheval a besoin d’un certain temps avant de répondre à la demande, ne lâchez pas, vous pouvez même augmenter la pression, et le récompenser dès qu’il a bien répondu à votre commande. Demandez toujours avec la pression la plus petite possible pour vraiment sensibiliser le cheval, ne JAMAIS lâcher la pression avant que le cheval ait fait un pas dans la bonne direction. Il comprend très vite que pour être « libre » sans pression, il faut suivre les commandes si légères soient-elles.
Les exercices sont tellement simples mais il ne faut JAMAIS récompenser une mauvaise réponse. Essayez d’être à 100% correct avec vous-même, c’est comme ça que vous allez développer la volonté, la légèreté et l’attention de votre cheval.
Après un certain temps, et la patience de toujours répéter les exercices, vous allez voir que la « bouche en béton » est une histoire ancienne.
En effet, le plus dur c’est de se doser soi-même, les cavaliers doivent tout réapprendre en même temps que leur cheval et c’est la partie la plus difficile de l’exercice à mon avis !