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Happy et sa Baby Bee

Choisir l’entraîneur

Dans toutes les époques ils ont existé, les spécialistes de l’éducation ou « dressage » des chevaux.

Peu importe le style d’équitation, les vrais spécialistes étaient, et sont toujours, bien mélangés avec une offre multiple de connaissances parfois lamentables. Leur nom a aussi changé pendant des siècles, le sage, est devenu le master, le maître se fait appeler gourou, le chuchoteur aime se nommer comportementaliste, etc, bref le principe n’a jamais changé, ce n’est que le nom qui suit le temps et la mode.

La seule difficulté pour nous, et ce n’est pas la moindre, c’est de savoir séparer les bons des brutes et des truands.

Alors avant de faire le geste habituel, qui est en principe l’accès dans notre portefeuille pour sortir des sous, il serait bien de savoir si cette sagesse ésotérique qui nous est proposée par cette personne cool et gentille en face de nous, reste la même chose merveilleuse une fois mise en pratique.

Malheureusement il faut dire qu’il n’est pas possible pour tout le monde de faire des recherches approfondies et parfois la vie des chevaux change radicalement sur les vagues d’enthousiasme qui portent son propriétaire dans des sphères de magie, avant de se rendre compte, que rester pied à terre n’est pas toujours la mauvaise solution pour le couple cheval et cavalier.

Ce dont nous avons besoin, c’est alors un petit guide, facile à utiliser et à appliquer pour séparer la paille du blé. Avec un peu de philosophie, quelque goût des différentes méthodes, arrosé avec un verre de raisonnement critique, notre guide peut voir le jour.

Notre guide nous montrera les 5 points importants pour bien choisir la personne de confiance.

Point 1: Feeling, respect et empathie.

Probablement LE point décisif avant de même commencer à réfléchir sur autre chose; la sympathie que porte notre candidat envers tous les animaux et humains est importante. Il n’est pas possible d’aimer « que » des chevaux et traiter les autres êtres vivants sans respect. » J’aime bien les chevaux mais je déteste les chiens »! Ce fameux comportement sortira un jour de sa cachette et finira en antipathie, ce qui ferait souffrir le cheval dans une ou des situations où le feeling sera remplacé par le vrai sentiment de ce fameux candidat.

Point 2: Style d’enseignement.

Le style de notre futur enseignant, se laisse facilement partager en deux groupes:

groupe A: c’est le style didactique, groupe B: le style instructif.

Le « maître » du groupe A gardera toujours son savoir-faire pour lui. Ses élèves ne savent rien et n’ont aucune idée de comment régler des problèmes. Seule la sagesse du maître compte.

Le style instructif nous laisse participer à son travail, il ouvre ainsi l’accès à ses idées pour réveiller notre curiosité, un bon guide sur notre chemin, s’intéresse aussi à notre passé avec notre compagnon et à notre niveau, voire capacité à suivre son programme.

Tout le contraire du « Gourou » qui demande d’accepter ses idées comme dogme, le seul moyen de faire les choses correctement. Le style du groupe A ressemble bien aux perles, il retient toujours un lot pour nous montrer qu’il a des réserves au cas où. Ce style et cette manière d’enseigner se font goutte par goutte et souvent il faut payer plus pour savoir plus et ainsi agrandir ses connaissances. Les uns parlent des levels, les autres du niveau, par contre le seul niveau qui dépassera l’ego du maître, c’est son compte en banque. Commercialement parlant cette « méthode » d’enseigner se laisse bien vendre.

Dans le style « instructif » le produit de vente c’est la connaissance en elle-même. C’est l’instructeur qui facilitera le transfert du savoir-faire, sans garder certaines informations clés pour lui-même. En fait l’élève est invité à s’intégrer et montrer ses connaissances, il se sent encouragé même à dépasser le maître.

Je dirais que le style démodé du groupe A, c’est plutôt l’ancienne école, pendant que le groupe B est plus proche de la réalité de nos jours.

Au cas où la personne concernée ne comprend pas la différence du sujet, il serait des fois mieux de se faire instruire elle-même pour augmenter son savoir-faire, mais attention un savoir-faire encyclopédique ne veut pas toujours dire que c’est un bon professeur.

La qualité d’un bon professeur demande des connaissances en psychologie, philosophie, éthique et pratique et une très bonne part de savoir se remettre en question tous les jours en continu pour ainsi rester à la hauteur du sujet.

Point 3: faites attention aux revendications douteuses.

Soyez prudent, si les propos sonnent trop bons pour être vrais, c’est probablement le cas. Il est trop facile de parler de choses à faire « vite fait » ou « je le réglerai pour vous sans problème », mais quand on parle de la relation entre deux êtres vivants, le « vite fait réglé » est à peu près aussi probable que les dents chez une poule.

Malgré le fait que parfois les candidats présentent une biographie du tonnerre, qui nous laisse rêver et faire le mouvement de chercher notre carte bleue au plus vite, rien ne nous empêche de poser quelques questions, dans le but de savoir un peu plus sur lui.

Méfiez-vous des gens qui disent avoir « travaillé » avec des grands maîtres, mais ….. pas la peine de montrer ça dans leur cv, car ils se sont développés dans leur propres études. Celui qui ne parle pas avec fierté de son propre maître, nous cache probablement quelque chose.

Les expressions comme « ça reste entre nous, ou je vous le dis en secret » , sont aussi à ranger dans un tiroir de méga prudence, ainsi que les « je vous donne ma parole d’homme de cheval ». C’est comme ça qu’il était possible de travailler dans les années 1900, mais plus maintenant.

Une autre chose qu’il faut observer de très près, c’est l’invitation à travailler d’après des lectures ou méthodes basées sur « … le vrai chemin pour trouver l’unité cheval x humain! »,

ou encore « une nouvelle approche de comment entraîner un cheval… », « devenez membre d’un club d’élite…. », ce sont souvent des phrases douteuses voire même malhonnêtes.

Les exemples cités sont seulement choisis pour réveiller votre instinct et pour éviter de tomber dans les arguments typiques d’un bon commercial, qui en principe ne veut qu’encaisser votre argent.

Point 4: est-ce bien raisonnable et logique ?

Peu importe qui est l’expert, son enseignement doit former un ensemble logique. Le raisonnement critique est indispensable pour un bon fonctionnement de l’apprentissage où la logique joue son rôle important.

Un bon exemple pour l’interprétation dans le mauvais sens, c’est le mot « naturel ».

D’après le dictionnaire, naturel veut dire « Qui est directement issu de la nature, qui appartient à la nature « . Il n’est pas écrit … ça vient de l’homme ou c’est grâce à l’homme. Cela dit un entraînement d’un cheval par un humain ne peut pas être mis sous la couverture « naturel ».

Bien sûr, il faut admettre que l’utilisation du mot naturel doit plutôt nous mettre à l’aise pour se sentir mieux. Il ne faut pas prendre le mot à la lettre, mais dans ce cas, si le mot nous guide sur un faux chemin, pour quelle raison faut-il rester confiant et croire le reste des choses?

Si une solution proposée vient vraiment de la logique, elle se laisse critiquer ou prouver. N’hésitez pas à tester si ça marche vraiment ou si ça peut vous aider dans votre recherche, si les propos sont honnêtes, votre professeur se fera un plaisir de vous soutenir dans votre effort, sinon il y a un « truc » qui ne va pas.

Il ne faut pas oublier de se méfier des solutions « miracles » comme proposées par des pratiquants d’ésotérisme ou autres approches semblables, qui parmi leur argumentation ajoutent couche après couche sur leur concept avec le but de nous aveugler sur la véritable fondation de leur capacité. Ces gens-là sont plutôt comparables aux prêtres qui nous demandent de suivre leur idéologie aveuglément, plein de croyance ….

Point 5: méfiez-vous de l’égocentrique !

Pour le pratiquant de l’égocentrisme l’importance de lui-même est le nec plus ultra.

Tout le reste n’est que du support; le cheval, le travail, et même le client. L’ égocentrisme marche très bien avec le style didactique. Ses phrases préférées sont par exemple « il n’y a que moi qui peut régler ce problème, soyez sûr que les autres conseils sont nuls et n’arrivent à rien ». Des gens comme ça vous disent sans hésiter, parmi leur expérience ils ont enfin fait une découverte qui révolutionnera le monde équin. C’est eux qui sont en possession de la vérité et ce n’est bien sûr que eux qui ont accès à la vérité et la méthode décisive pour l’enseigner, personne d’autre.

L’humilité, la conscience de soi et le contrôle de son propre égocentrisme sont les bases d’illumination du chercheur. Les meilleurs professeurs sont ceux qui permettent la possibilité de leur prouver qu’ils peuvent se tromper. Le sujet est tellement vaste que parfois la moindre découverte peut changer les choses. L’apprentissage ne finira jamais ni pour l’élève, ni pour le maître.

Heureusement c’est comme ça pour l’amour du cheval.

Le mot de la fin:

Permettez-moi de vous parler d’un phénomène des années 1970, c’est à cette époque que la vague « Punk » a vu le jour. Sous leur slogan « no more heroes » ils ont révolutionné la production de la musique. Jusque-là c’était les entreprises gigantesques qui produisaient des super stars, c’était elles qui décidaient l’avenir d’un groupe de musiciens et qui ainsi dirigeaient le goût des masses. Les Punks ont mis fin à ça, c’est eux les responsables que chaque groupe, chaque musicien, chanteur ou chanteuse pouvait et peut encore produire sa propre musique et la mettre sur le marché. Ils ont (si on peut le dire), démocratisé la musique industrielle, qui aujourd’hui avec l’Internet s’est hissée encore sur un autre niveau.

Avec les nouvelles possibilités de communiquer, les informations sur la matière cheval sont devenues accessibles à tout le monde. Pas besoin des mega-maîtres pour avancer dans le savoir-faire avec son propre cheval, pas besoin d’accepter une règle unique qui serait (prétendument) la seule bonne.

La démocratisation du monde équin est en bon chemin et il serait intéressant de savoir de quels « grands maîtres » de notre époque on parle encore dans 50 ans.

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