Trente ans déjà que la saillie naturelle n’est plus la seule technique pour obtenir un poulain. Pour les chevaux de sport, elle est même devenue minoritaire, au profit de l’insémination artificielle. Mais déjà, les chercheurs travaillent sur d’autres techniques comme le transfert d’ovocytes ou le clonage.
Tour d’horizon de ce qui se pratique aujourd’hui et se fera peut-être demain…
Au début du printemps, la jument est généralement en chaleur. On l’amène donc à l’étalon choisi.
Il est très souvent possible de la laisser en pension sur place le temps que soit ses chaleurs s’arrêtent, soit la jument soit pleine. Ces frais, ainsi que l’éventuelle échographie, visite véto et maréchal-ferrant sont bien sûr à la charge du propriétaire de la jument.
Il existe différentes méthodes de saillie :
Saillie en liberté
Essentiellement pratiquée au pâturage, les juments sont en liberté avec un étalon (10 à 30 femelles par mâle). Cette pratique est en générale réservée à la reproduction des chevaux lourds ou des chevaux ou poneys de loisirs. On distingue deux types de monte en liberté :
– à troupeau fermé : c’est-à-dire qu’il est constitué avant l’introduction de l’étalon. Les juments sont sélectionnées suivant leurs chaleurs. Un étalon marque en moyenne 1,5 jument par jour.
– à troupeau ouvert : c’est-à-dire que l’on introduit régulièrement de nouvelles juments en cours de monte.
Ce mode de reproduction connaît un taux de réussite relativement bon mais le risque de contamination microbienne et de MST est élevé!
Saillie en Main
La jument est soufflée c’est-à-dire présentée à l’étalon qui ne saillit pas afin de détecter les chaleurs ou bien elle est suivie pour connaître le développement folliculaire par échographie afin d’économiser et de ménager l’étalon reproducteur.
Si la jument est effectivement en chaleur, on procède à la préparation de l’étalon et de la jument :
– pour l’étalon on effectue un lavage de la verge à l’aide d’eau tiède additionnée d’un antiseptique lorsque l’érection est complète
– pour la jument on réalise un pansage puis on pose une bande de queue et un lavage de la région externe puis séchage. La jument peut être entravée.
Très souvent, la jument est entravée afin d’éviter qu’elle botte l’étalon. On peut aussi protéger l’encolure de la jument afin d’éviter les coups de dents de l’étalon.
Le manque de préliminaires et le fait d’être limitée dans les mouvements peut faire paniquer la jument, si elle est sensible ou très peu expérimentée. C’est un moment traumatisant pour ne pas dire un viol organisé.
Insémination artificielle
Développé depuis environ 20 ans, le principe est simple : récolter le sperme d’un étalon lors d’une simulation de saillie, le diluer en plusieurs doses, pour le déposer ensuite dans l’utérus d’une jument en chaleur.
Plusieurs techniques sont proposées aujourd’hui : l’IA fraîche (immédiate ou différée) ou de semence congelée. Mais toutes ne sont pas applicables sur l’ensemble des reproducteurs.
Selon l’INRA, 95% sont aptes à l’IA fraîche immédiate, 75% en différée dont 80% en IA congelée.
La sélection se fait donc après examen des caractéristiques séminales quantitatives et qualitatives au cours d’un spermogramme.
1° la récolte
Elle se fait à l’aide d’un vagin artificiel et d’un mannequin « jument » où se trouve un réservoir avec un filtre dans lequel on récolte l’éjaculat (40 à 80 ml et environ 5 milliards de spermatozoïdes).
2° traitement du sperme
Immédiatement après la récolte, on retire la substance gélatineuse pour ne laisser que le liquide séminal qui passe ensuite dans une centrifugeuse pour retirer le liquide excédentaire (le surnageant) ; on ajoute alors un produit diluant. Le sperme est placé dans des paillettes de contenance 0,5 ml de semence traitée.
Il faut 8 paillettes pour faire une dose.
Un éjaculat permet de produire plus ou moins 60 à 100 paillettes.
Elles sont congelées par paliers successifs dans l’azote liquide jusqu’à -196°C
L’insémination fraîche (immédiate et différée)
L’IA fraîche est faite immédiatement après la collecte, la semence est utilisée pure dans les 5 minutes qui suivent la récolte. EN IA différée, la semence est systématiquement réfrigérée et conservée à 4°C dans du lait demi-écrémé UHT supplémenté d’antibiotiques pour une durée maximale de 12 h, puis utilisée après dilution à 37°C. Les juments sont inséminées toutes les 48h.
L’insémination congelée (IAC)
La technique de congélation de la semence est utilisée dans les haras nationaux. Ils utilisent pour la dilution et la congélation une base commune à laquelle est ajouté du jaune d’oeuf ou du glycérol. Cette méthode a permis d’améliorer la mobilité des spermatozoïdes à la décongélation ainsi que la fertilité. Les juments sont inséminées tous les jours jusqu’à la détection d’un follicule de 35mm.
L’ IAC permet de conserver le capital génétique de l’étalon mais aussi de procréer sans interrompre la carrière sportive. La commercialisation de la semence accède alors à une très large couverture géographique.
L’insémination peut être dite profonde, c’est-à-dire que l’on dépose les doses en haut de la corne utérine, ce qui optimise la fécondation du fait de la proximité des spermatozoïdes avec l’ovule.
L’idéal pour l’insémination c’est qu’un folicule soit à 40 mm, soit juste avant sa libération dans les trompes. Les folicules sont détectés grâce à une échographie, faite régulièrement et jusqu’à ce que le folicule soit prêt.
Chaque étalon possède une couleur de paillettes qui lui est attribué et un catalogue général recense tous les étalons disponibles en IA, un descriptif de leur qualités / capacités et la couleur de leurs paillettes.
Dans la cuve frigorifique que l’inséminateur, il y a une dizaine d’emplacements qui correspondent chacun à une couleur donc à un étalon. A chaque emplacement, il y a un tube dans lequel se trouvent plusieurs pailles trés longues et trés fines (ce qu’on appelle les paillettes). Dans chaque paille, se trouve du sperme congelé, mit à réchauffer au bain marie. Une fois décongelé, l’inséminateur aspire le contenu dans sa seringue.
Pendant ce temps, la jument est préparée par un aide de l’inséminateur et mise en place dans une stalle ou un espace spécifique. L’inséminateur part donc à la recherche de l’utérus et injecte le contenu de la seringue.
Pour augmenter les chances de réussite, 8 paillettes sont injectées à chaque tentative.
Ensuite il fait une petite piqure à la jument pour stimuler l’activité ovarienne et il refait une seconde insémination le lendemain.
Le Transfert d’Embryon : un outil haut de gamme
Commercialisée depuis les années 80, cette méthode permet entre autre d’augmenter le nombre de poulains par jument, d’obtenir des poulains de juments trop âgées ou en mauvaise santé ou infertiles.
Cependant elle est très réglementée :
-pour les TF, seules les mères de grands champions peuvent en bénéficer
– pour les Pur sang elle est interdite
-pour les Selle français, 1 seul embryon par jument est autorisé
Le choix de la jument receveuse est primordial, âgée de 3 à 8 ans, facile à manipuler, bonne laitière, en bonne santé, et sans anomalies ou pathologies de l’utérus.
Les juments receveuses et donneuses doivent synchroniser leurs cycles à l’aide d’un traitement hormonal pour ovuler environ au même moment pour que l’embryon soit accepté par l’organisme de la receveuse.
Principe : on insémine la jument donneuse puis on récolte l’embryon 6 à 8 jours plus tard quand il est descendu des trompes. A cette fin, on effectue un « lavage » de l’utérus.
Après observation de l’embryon celui-ci est réimplanté dans l’utérus de la jument receveuse soit par :
– transfert cervical : l’embryon est déposé dans l’utérus par le col avec une pipette
– transfert chirurgical : l’embryon est déposé directement dans l’utérus par une ouverture dans le flanc.
Comme en IA, il y a 3 types de transfert d’embryon : frais, réfrigéré, congelé
un petit mot sur la recherche
1/ La fécondation in vitro FIV
Il s’agit de faire rencontrer un ovule et un spermatozoïde dans un tube à essais. Cette technique a été abandonnée car les chercheurs ne parviennent pas à obtenir une maturation favorable.
2/ L’ ICSI ou injection intra cytoplasmique de spermatozoïde qui consiste à injecter le spermatozoïde dans l’ovocyte. Cette méthode est encore au stade expérimental.
3/ La GIFT comparable au transfert d’embryon
Les ovocytes d’une jument fertile, mais ne pouvant pas porter à cause d’une affection du système reproducteur, sont prélevés puis introduits à proximité des ovaires d’une jument receveuse qui est alors inséminée.