Souvent on oublie que le peuple « turc » était un peuple de cavaliers nomades, qui vivait dans la région de la Chine d’aujourd’hui. Cela ne fait que 1000 ans que les nomades ont pris le chemin vers l’ouest. Pendant le voyage, certains groupes sont restés sur place ce qui mit fin à leur vie de nomades. Ces minorités existent toujours et après la séparation de l’Union soviétique ils ont créé leur propres états comme par exemple l’Azerbaidjan ou le Turkménistan.
Les Turcs croyaient aux forces de la nature. Leur plus grand dieu était le dieu du ciel. Très frugaux, doués d’un orgueil national très développé, ils formaient une nation dont on aurait pu dire qu’elle obéissait aveuglément à ses chefs. Ils croyaient sincèrement qu’ils étaient créés pour dominer le monde. L’armée turque était l’armée avec le plus grand nombre de combattants au monde. Sa capacité de manœuvre était sans exemple. Elle ne traînait pas après elle une vague de non-combattants. Chaque Turc capable de porter des armes était astreint à l’instruction militaire. Ils se servaient d’armes tels que la flèche et l’arc, l’épée et le coutelas. Ces armes étaient supérieures à celles des peuples voisins. Au tir à l’arc, ils étaient sans rivaux.
La tradition des cavaliers (Osmane) est toujours très forte en Turquie. Leur passe-temps favori est le « Cirit ». aussi appelé « çavgan ». Le Cirit (dit jeerit) est un jeu équestre qui existe depuis le Moyen-Age et il est toujours pratiqué aujourd’hui. Malheureusement les jeux de tradition disparaissent partout dans le monde et la Turquie ne fait pas exception. Cela n’empêche pas que le Cirit est joué partout en Anatolie, accompagné de la musique typique, (Cirit Havası) le jeu est un plaisir pour les participants et les spectateurs, une bonne occasion pour que le Cirit s’impose à chaque fête communale et même lors des mariages.
Pour jouer le Cirit, deux équipes de 7 à 10 joueurs se rencontrent sur une place (Alan) d’une longueur de 70 à 120 m. Chacun est muni d’un bâton de chêne ou de peuplier (Değnek), de 70 à 100 cm de longueur, les pointes sont arrondies pour éviter les blessures graves.
Pour jouer, le cavalier d’une équipe se place au milieu de la place et il appelle un joueur de l’autre équipe à le rejoindre. L’opposant arrive au galop et le premier joueur lance son bâton vers lui et il fait demi-tour pour rentrer dans son camp au galop. L’autre joueur se met à la poursuite et essaie de lancer le bâton à son tour. Chaque coup sur le cavalier donne un point, par contre pour un coup sur le cheval un point sera enlevé, et le cavalier est appelé débutant (Acemi). Si le poursuivant arrive à couper le chemin du cavalier de l’autre équipe, il marque aussi des points pour son équipe. Dès que le cavalier « en fuite » a franchi la ligne de son camp, un cavalier de son équipe prend le relais et chasse à son tour l’envahisseur.
Il est possible qu’un joueur soit touché plusieurs fois sur son chemin de retour et des fois les coups touchent la tête ou les oreilles, mais chaque coup donne des points. Pour éviter les coups de bâton, les cavaliers font des mouvements artistiques impressionnants (At Cambazı), se cachent derrière le cheval ou se penchent sur le côté, même sous le ventre. Cela montre l’agilité et la maniabilité des chevaux et des cavaliers.
Au cas où il y a des adversaires « incompatibles », les organisateurs font attention de les placer dans la même équipe et les jeunes se soumettent toujours à la décision des anciens. Le jeux est assez combatif et peut être mortel. Par tradition il n’y a jamais d’accusation et la victime est considérée comme un héros.
Après le jeu, les joueurs avec le plus de points reçoivent des prix et le comité des anciens déclare l’équipe vainqueur, une musique qui fait danser les chevaux (At Oynatma Havası) donne encore l’occasion d’apprécier un événement pas comme les autres.
Le Cirit était aussi joué en France et en Allemagne au 17e.